Conférence présentée dans le cadre du cycle Histoire de la Médecine, organisé conjointement par l’Extension UMONS et SciTech².
Daniel Droixhe est membre de l’Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles, Charge de cours honoraire de l’Université de Liège, Secrétaire de la Société wallonne d’étude du dix-huitième siècle (www.swedhs.org).
Dans sa deuxième livraison de 1761, la Gazette salutaire, imprimée à Bouillon, donnait un article intitulé « De la ciguë ». On y rappelait que l’idée de faire de la plante « un très grand remède » avait déjà donné lieu à « quelques expériences assez heureuses » justifiant ces espérances « lorsqu’on apprit que Mr. Storck, célèbre médecin de Vienne en Autriche, ayant conçu de son côté le même projet, avait eu le succès le plus complet de ce remède si nouveau et si inattendu, pour fondre différentes sortes de tumeurs ». Störck « croyait même pouvoir se flatter de triompher, par son moyen, du mal le plus cruel et le plus opiniâtre de tous, du cancer, en un mot, qui mène si sûrement et si tristement au tombeau tant de victimes innocentes ». Il venait en effet de publier en 1760, en latin, un Petit livre qui montre que la ciguë peut non seulement être utilisée en interne, mais aussi qu’elle constitue en même temps un remède très utile dans de nombreuses maladies qui ont été jusqu’à ce jour réputées impossibles à guérir .
On inscrira la « découverte » de Störck dans les archives du traitement par la ciguë et dans « l’horizon d’attente » suscité par des expériences de traitement du cancer au moyen de la belladone. On analysera la « machine d’accréditation » mise en œuvre par le médecin viennois. On considérera les dizaines d’ « Observations » adressées au Journal de médecine de 1760 à 1789, souvent pour confirmer le recours à la ciguë, du « temps de la découverte » à l’époque des doutes et des échecs. Une grande partie de l’exposé sera consacré au traitement du cancer du sein. On présentera quelques « oncologues » du 18e siècle, le cas du cancer affectant des religieuses de Pau, la circulation du « levain cancéreux », l’apparition de l’idée et du mot de métastase, etc.
L’accès à ce cycle de conférences est gratuit, mais l’inscription est souhaitée.